Le choix de l’emplacement
La première étape est observation et patience : choisir la bonne pente, ni trop raide, ni trop exposée au vent, souvent orientée au sud ou sud-est pour capter la chaleur. Les hommes repèrent des affleurements rocheux, guidés par le cheminement naturel de l’eau de pluie et la texture du sol. C’est la topographie qui dicte tout : chaque terrasse doit créer une surface plane et stable, sans rompre le fragile équilibre de la montagne.
La pierre sèche : une technique ancestrale
La construction des murs de soutènement (faïsses) repose sur la technique de la pierre sèche, sans mortier. On utilise les roches trouvées sur place, issues des éboulis ou extraites lors de l’aménagement des plates-bandes.
- Assemblage: Les pierres sont sélectionnées, calibrées, imbriquées à la main, chaque pierre porteuse calant la suivante, les joints comblés par de plus petites pierres appelées cailloux de remplissage.
- Soudure naturelle: La pression du poids stabilise le mur, sa légère flexibilité lui permet d’absorber les mouvements du terrain et de drainer l’eau.
- Dimensions : Les premiers murs atteignaient souvent un mètre de hauteur et 70 à 80 cm d’épaisseur. Certaines terrasses spectaculaires, à l’approche des villages d’Albanne ou Sablières, mesurent jusqu’à 2 mètres de haut.
La pierre sèche ne fige pas le paysage, elle l’apprivoise. Preuve de son efficacité : sur certaines portions entre Beaumont et Loubaresse, on compte encore des murs intacts datant de plus de 300 ans (Source : Inventaire des patrimoines – Parc Naturel Régional des Monts d’Ardèche).
- Avantage durable : Contrairement au ciment, la pierre sèche laisse passer l’eau, épargnant les murs des poussées fatales lors des pluies cévenoles.
Le transport et la mise en place de la terre
Après le mur, il faut araser puis remplir la terrasse : le sol, naturellement pauvre et caillouteux, est amendé avec de la terre fertile apportée à dos d’homme, de mule ou d’âne, parfois extraite à grand-peine en creusant dans les combes voisines. On compte que pour une seule terrasse de 10 mètres de long, il pouvait falloir transporter plus de 6 m3 de terre.
- Le transport : En l’absence de chemins carrossables, on utilisait des hottes, paniers à anse ou bâts d’animaux pour mener la terre jusqu’aux futurs jardins.
- La stabilisation du terrain : Les terrasses étaient ensuite nivelées, puis ensemencées en céréales, plantées de légumes ou de jeunes châtaigniers.